Antifolk : quand l'esprit punk s'empare de la musique folk

21 Juillet 2013


L’anti quoi ? L’Antifolk. Mouvement anglo-saxon né à New York dans les années 80, l’Antifolk mêle le punk et le folk. Ce mélange des genres accouche d’un résultat unique, inconnu des profanes. Le Journal International a rencontré Matt Van Winkle, artiste antifolk américain. Lumière sur ce courant musical underground inconnu du grand public.


Steve «Lach» Rogers | Crédit photo -- NR
Nous sommes dans les années 80. Steve Rogers, jeune punk new-yorkais de 20 ans, artiste amateur des scènes locales, décide de s'inscrire à un festival de musique folk. Pas de chance, le jeune homme est recalé lors des auditions. Ses riffs punks sur guitare acoustique n’étaient pas du goût de l’organisateur…
 
Steve Rogers, aussi connu sous le nom de Lach, ne l'entend pas de cette oreille. Il crée, avec toute sa créativité et son expérience scénique, un « contre-festival », son festival, là où il pourra accueillir tous les groupes et tous les styles musicaux, y compris le sien.
C'est ainsi qu'est né l'Antifolk. Cependant, Lach a toujours jugé nécessaire de préciser que l'Antifolk n'est pas forcément contre le folk. Matt Van Winkle nous explique : « bien qu’“anti" fasse partie du nom, l’ "antifolk" n’est en aucun cas en contradiction avec le folk. D’un point de vue musical, on ne fait souvent pas la différence entre l’Antifolk et le folk traditionnel. C’est simplement le nom qui était le plus approprié au moment où Lach était mécontent de la scène folk. »

Aujourd’hui, l’Antifolk ne parvient pas à se démocratiser. Contre-genre oublié ou simplement non évocateur ? Soutenu aux États-Unis par des producteurs de références comme Oliver Juice, et par d'autres artistes défendeurs du genre comme Michelle Schocked ou Jad Fair (artiste underground «lo-fi», proche de Kurt Cobain), le mouvement reste circonscrit à la côte Est américaine et à l'Angleterre.

Comme nombre de courants alternatifs, l'Antifolk est pris entre puristes attachés à l’idéal de Lach et les autres, attachés aux genres originels. Les premiers considèrent l'Antifolk comme du punk acoustique, où guitare et au chant ne souffrent d’aucune limite. Pour les seconds, il faut simplement respecter les racines punk-folk. Deux visions du genre qui nous offre des formations très différentes, allant d’un simple duo guitare-chant à une formation batterie basse-guitare-chant,  plus proche dans la forme des groupes punk. « Il n’y a pas de thème récurrent. Comme le jazz ou le hip-hop, l’Antifolk peut s’accorder avec d’autres sujets : il peut devenir autobiographique, géopolitique ou fantastique. Je pense que les artistes qui s’identifient à l’Antifolk sont tous d’accord pour dire qu’ils ont un éventail plus divers d’influences. La plupart du temps, l’Antifolk est joué sur guitare acoustique, par un ou deux artistes, mais c’est principalement dû au fait que la guitare reste l’instrument le plus transportable, pratique et le plus utilisé pour un parolier. », nous confie Matt Van Winkle.

Dans une interview accordée au site antifolk.com, Sprinkles Genies, pilier de la nouvelle scène Antifolk new-yorkaise explique que « l’Antifolk est une communauté d’artistes […] avec des frontières plus souples que d’autres scènes créatives ». Les divisions et sa marginalisation vis-à-vis des autres styles musicaux ralentissent son développement et sa popularité.

Malgré les difficultés, de nouveaux groupes anglais et américains émergent. L'Antifolk commence même à trouver des adeptes dans d’autres pays comme en Allemagne, en Australie ou même en Irlande. Partout, le même problème persiste : il y a trop peu de scènes mieux organisées et à même de produire les groupes férus d'Antifolk. Dans tous ces pays, le même problème persiste : l’absence d’une scène organisée à même de produire les groupes du mouvement. Alors que la scène underground reste méconnue, l'Antifolk pourrait permettre d'attirer la lumière sur des styles à part qui méritent bien plus de reconnaissance.



Ex-rédacteur en chef du Journal International. Etudiant en science politique à l'université Lyon… En savoir plus sur cet auteur