Alpha Blondy : 60 ans et superstar

David Wanedam, à Yaoundé
18 Juin 2013


En voilà un qui n’est pas prêt de perdre de sa verve. À 60 ans, Alpha Bondy connaît le même succès que les premières chansons qui l’ont mis sur le devant de la scène dans les années 80. Star en Afrique, il l’est également dans le monde entier. La preuve, il vient d’être sacré « chanteur le plus sexy du monde » par les lecteurs du magazine Glam'mag, également couronné « chanteur le mieux payé en 2013 » avec des revenus estimés à près de 75 millions d'euros. Retour sur ce disciple de Bob Marley.


De son vrai nom Seydou Koné, Alpha Blondy (détournement de « bandit ») aurait pu se noyer dans la drogue des ghettos ivoriens de Dimbokr. Son sauveur s’appelle Bob Marley. « Bob a créé du boulot pour nous tous. C’est grâce à lui que vous connaissez Alpha qui n’est pas devenu un bandit. C’est grâce à Bob que j’ai pu exprimer mon message musical. C’est lui qui a montré que les enfants des ghettos peuvent aller conquérir le monde. Je suis un disciple de Bob Marley. Contrairement à ce que disent les journalistes qui parlent de moi comme le Bob Marley africain, il ne peut pas y avoir deux soleils dans le ciel, et Bob est ce soleil pour tous les enfants de la diaspora », explique Alpha Blondy.

Il est sans doute le chanteur international le plus populaire de la musique afro/reggae depuis la disparition de son idole, Bob Marley. Charismatiques et engagés, ses titres sont connus et repris dans le monde entier. « Le reggae est un chemin que Dieu a tracé pour moi, raconte-t-il. Pour faire passer des messages qui puissent soulager des populations en détresse, dénoncer toute gestion calomnieuse de tout genre et dans tous les secteurs et tout ceci sous le contrôle du Dieu tout puissant. »

31 ans après la sortie de son premier album Jah Glory, Alpha Blondy explique ne pas oublier ses souffrances de jeunesse : il a passé près de deux ans dans un hôpital psychiatrique. Il préfère les bons souvenirs accumulés lors de son séjour aux États-Unis, et lors de son enfance en Côte-d’Ivoire. Aujourd’hui, la jeunesse d’Abidjan n’hésite pas à lui servir du « prophète Alpha Blondy ! »

Avec son 19e album (et un nombre incalculable de live), Alpha Blondy n’a pas changé de discours. L’un de ses sujets favoris est d’ailleurs au menu de cet opus. À propos du titre « France à fric », il explique : « Dans ce titre, je m’en prends à ce duo de malfaiteurs qui est train de piller l’Afrique. À savoir l’Union européenne, mais aussi le continent africain lui-même. C’est avec la complicité des Africains que tout cela est en effet possible. Pour danser le tango, il faut être deux ! À mon sens, la souveraineté se mérite et se protège. Par exemple, ce n’était pas à la France d’intervenir au Mali. Mais elle a été obligée d’agir de la sorte puisque l’Union africaine a failli à sa mission ».

Alpha Blondy sera à l’affiche du concert géant organisé à l’occasion des 50 ans du Kenya, le samedi 15 juin à Nairobi.