Till Warning avec son bulletin pour le scrutin interne | Credits photo -- Till Warning
Les élections fédérales allemandes du dimanche 22 septembre dernier ont été marquées par une victoire écrasante de la CDU (union chrétienne-démocrate) de la chancelière Angela Merkel et de sa branche bavaroise, la CSU (union chrétienne-sociale). Son score de 41,5 % fait toutefois manquer, à quelques sièges près, la majorité absolue au camp conservateur, qui décide alors rapidement de former une alliance avec la formation ayant obtenu le deuxième plus grand nombre de sièges au Bundestag : le SPD (parti social-démocrate), présidé par Sigmar Gabriel. L'ancien partenaire du gouvernement, le parti libéral (FDP), n’a pas pu atteindre le palier nécessaire des 5 % des voix pour l’entrée à la Chambre basse du Parlement.
Inspirée par diverses expériences de démocratie directe et de primaires partisanes, et désireuse de peser auprès de la chancelière davantage que ses 25,7 %, maigres en comparaison, la direction du parti social-démocrate décide d’organiser une consultation de tous ses militants. Ce référendum interne doit donner une réponse à la question suivante : le SPD doit-il ratifier le contrat de coalition négocié en novembre avec la CDU et la CSU ? Les dirigeants de la formation de centre-gauche ont répété qu’ils respecteraient le choix de leurs adhérents.
L’approbation du contrat de coalition n’est pas entièrement assurée. Même si une partie des JuSos (jeunes socialistes) refuse les conditions négociées, deux sondages parmi les (réels ?) membres du SPD prévoient une majorité d’au moins 70 % en faveur de l’accord gouvernemental. La campagne de persuasion que Sigmar Gabriel est en train de mener à tous les niveaux de son parti a néanmoins vocation à continuer jusqu’au congrès national des sociaux-démocrates, qui se tient de vendredi à dimanche à Nuremberg. Le vote des 475 000 membres se déroule actuellement par correspondance, les résultats sont attendus le 14 décembre.
Inspirée par diverses expériences de démocratie directe et de primaires partisanes, et désireuse de peser auprès de la chancelière davantage que ses 25,7 %, maigres en comparaison, la direction du parti social-démocrate décide d’organiser une consultation de tous ses militants. Ce référendum interne doit donner une réponse à la question suivante : le SPD doit-il ratifier le contrat de coalition négocié en novembre avec la CDU et la CSU ? Les dirigeants de la formation de centre-gauche ont répété qu’ils respecteraient le choix de leurs adhérents.
L’approbation du contrat de coalition n’est pas entièrement assurée. Même si une partie des JuSos (jeunes socialistes) refuse les conditions négociées, deux sondages parmi les (réels ?) membres du SPD prévoient une majorité d’au moins 70 % en faveur de l’accord gouvernemental. La campagne de persuasion que Sigmar Gabriel est en train de mener à tous les niveaux de son parti a néanmoins vocation à continuer jusqu’au congrès national des sociaux-démocrates, qui se tient de vendredi à dimanche à Nuremberg. Le vote des 475 000 membres se déroule actuellement par correspondance, les résultats sont attendus le 14 décembre.
« Le SPD fait exactement le même type de bêtise que moi maintenant.»
Convaincu que ce vote peut aisément être manipulé, Till Warning, plein d’humour, se rend sur un générateur de noms d’acteurs pornographiques, et obtient le pseudonyme de Richard Deep. Il remplit en ligne le formulaire d’adhésion au SPD, ne doit pas prouver son identité réelle et reçoit par voie postale le bulletin pour prendre part à la consultation, ayant collé une simple étiquette manuscrite « Deep » sur sa boîte aux lettres. S’il s’agit essentiellement d’une plaisanterie, l’affaire pourrait être porteuse de conséquences assez lourdes : politiquement d’une part, elle représente une humiliation pour le parti social-démocrate, juridiquement d’autre part, l’étudiant risque éventuellement une sanction pour usage de faux – même s’il dit n’en avoir aucune inquiétude et a déjà parlé avec son avocat, comme l’affirme le Spiegel.
Membre de la CDU, l’étudiant en histoire, âgé de 21 ans, affirme vouloir critiquer le fonctionnement du SPD et ne s’être pas encore fait d’opinion très claire quant à la coalition de son parti avec les sociaux-démocrates. Elle lui est pour le moment plutôt hostile. Dans un entretien téléphonique exclusif, le jeune homme revient pour Le Journal International sur ses motivations, le déroulement de sa démarche et l’engouement autour de lui.
De son côté, le porte-parole de la présidence du SPD, Tobias Dünow, également appelé dans la soirée, a refusé de s’exprimer, preuve d’un certain malaise régnant à la direction du parti. Aux États-Unis et en France notamment, l’on a également vu surgir de telles affaires au cours des dernières années. Les pratiques consistant à falsifier des listes de coordonnées de membres de partis dans le but de manipuler des élections internes ont-elles également lieu en Allemagne ?
Membre de la CDU, l’étudiant en histoire, âgé de 21 ans, affirme vouloir critiquer le fonctionnement du SPD et ne s’être pas encore fait d’opinion très claire quant à la coalition de son parti avec les sociaux-démocrates. Elle lui est pour le moment plutôt hostile. Dans un entretien téléphonique exclusif, le jeune homme revient pour Le Journal International sur ses motivations, le déroulement de sa démarche et l’engouement autour de lui.
De son côté, le porte-parole de la présidence du SPD, Tobias Dünow, également appelé dans la soirée, a refusé de s’exprimer, preuve d’un certain malaise régnant à la direction du parti. Aux États-Unis et en France notamment, l’on a également vu surgir de telles affaires au cours des dernières années. Les pratiques consistant à falsifier des listes de coordonnées de membres de partis dans le but de manipuler des élections internes ont-elles également lieu en Allemagne ?
Till Warning : « Je n’aurais jamais pensé que cela fasse un tel bruit » | Credit Photo --- Till Warning
Comment l’idée t’est-elle venue ?
Pour deux raisons : d’un côté, j’avais parié une caisse de bière avec des amis qu’il était possible d’adhérer au SPD sous un faux nom et de prendre part à la décision des militants, sans que personne ne remarque quoi que ce soit. D’un autre côté, je critique comment les données personnelles des membres des partis sont falsifiées. Je sais par mon expérience personnelle de membre de la CDU à Berlin que des données personnelles de militants ont simplement été falsifiées pour obtenir davantage de délégués. C’est vraiment complètement opaque, car personne ne demande de justificatif d’identité. Il y a de nombreuses personnes imaginaires qui sont membres d’un parti ou d’un autre.
Crois-tu que tu devras prouver ton identité lors du vote ?
Je n’ai jamais rien dû montrer, je ne suis pas encore allé à une quelconque manifestation. Il faut voter par correspondance, il n’y a pas à être présent. Là-bas [au SPD, ndlr], personne ne m’a encore vu.
Penses-tu qu’il est possible pour la direction du SPD de truquer les résultats ?
Oui, cela pourrait même être le cas, même si je ne veux pas faire de fausses accusations contre qui que ce soit. Mais en pure théorie, chacun peut doubler sa voix, voire la tripler.
Tu es adhérent de la CDU : quelles sont exactement tes activités dans ce cadre ?
À vrai dire, pour le moment, je ne suis plus qu’une fiche non réactualisée, mais je me suis déjà porté candidat pour un conseil d’arrondissement à Berlin [dans le quartier de Schöneberg, ndlr]. Entre temps, je me suis éloigné de toute l’agitation qui a lieu là-bas, car de nombreuses histoires malsaines émanent de ces cercles. Et cela, je souhaite aussi le critiquer.
Quelle est ton opinion générale quant à la future grande coalition ?
Je ne me suis pas encore complètement décidé, mais je pense que je vais voter non, parce qu’il ne s’agit vraiment pas d’un programme social-démocrate.
Tu vas donc, en tant que Richard Deep, dire « non » ?
Voilà, exactement.
La réaction médiatique a été immédiatement énorme. Es-tu étonné d’un tel écho, gêné, fier ?
Je suis en train de faire un tour des médias. Je n’aurais jamais pensé que cela ferait un tel bruit, parce qu’en réalité c’est un phénomène fréquent. Je ne sais pas ce que sont mes sentiments – aucune idée. Je trouvais important d’exprimer tout cela. Je n’ai pas lu tout ce que les gens ont en partie écrit dans la version en ligne du Spiegel. Je n’ai lu que quelques commentaires dans lesquels je suis accusé d’aller au bordel. Je trouve cela absurde. Peut-être que j’ai mal choisi mon pseudonyme. J’ai été assez peu créatif en le faisant produire par ce générateur automatique.
Nous vivons à l’époque du « web 2.0 » : de plus en plus de partis mènent désormais leurs activités en ligne, notamment les Pirates, qui ne font que peu de distinction entre la direction et la base, et puis avec internet se multiplient les outils de démocratie directe comme les pétitions européennes par exemple. Quel est ton avis ?
Je suis en faveur de la démocratie directe, mais toujours par des personnes que l’on peut identifier. C’est un grand problème sur internet que les gens puissent diffuser tout un tas de mensonges sur d’autres sans que personne ne sache exactement qui se cache derrière. Le magazine Der Spiegel publierait-il des lettres de lecteurs anonymement rédigées dans son édition papier ? Non. Mais sur internet, ils publient des courriers tout bonnement anonymes. C’est tout de même problématique si les gens ne sont pas capables de combattre à visage découvert. En fait, je suis pour que les gens combattent à visage découvert.
Crains-tu des conséquences judiciaires ?
Non, je n’ai aucune crainte. Que les gens viennent s’ils le souhaitent ! Pour certains, ce sont des gens qui eux-même falsifient les données personnelles de leurs adhérents, et le SPD fait exactement le même type de bêtise que moi maintenant.
Pour deux raisons : d’un côté, j’avais parié une caisse de bière avec des amis qu’il était possible d’adhérer au SPD sous un faux nom et de prendre part à la décision des militants, sans que personne ne remarque quoi que ce soit. D’un autre côté, je critique comment les données personnelles des membres des partis sont falsifiées. Je sais par mon expérience personnelle de membre de la CDU à Berlin que des données personnelles de militants ont simplement été falsifiées pour obtenir davantage de délégués. C’est vraiment complètement opaque, car personne ne demande de justificatif d’identité. Il y a de nombreuses personnes imaginaires qui sont membres d’un parti ou d’un autre.
Crois-tu que tu devras prouver ton identité lors du vote ?
Je n’ai jamais rien dû montrer, je ne suis pas encore allé à une quelconque manifestation. Il faut voter par correspondance, il n’y a pas à être présent. Là-bas [au SPD, ndlr], personne ne m’a encore vu.
Penses-tu qu’il est possible pour la direction du SPD de truquer les résultats ?
Oui, cela pourrait même être le cas, même si je ne veux pas faire de fausses accusations contre qui que ce soit. Mais en pure théorie, chacun peut doubler sa voix, voire la tripler.
Tu es adhérent de la CDU : quelles sont exactement tes activités dans ce cadre ?
À vrai dire, pour le moment, je ne suis plus qu’une fiche non réactualisée, mais je me suis déjà porté candidat pour un conseil d’arrondissement à Berlin [dans le quartier de Schöneberg, ndlr]. Entre temps, je me suis éloigné de toute l’agitation qui a lieu là-bas, car de nombreuses histoires malsaines émanent de ces cercles. Et cela, je souhaite aussi le critiquer.
Quelle est ton opinion générale quant à la future grande coalition ?
Je ne me suis pas encore complètement décidé, mais je pense que je vais voter non, parce qu’il ne s’agit vraiment pas d’un programme social-démocrate.
Tu vas donc, en tant que Richard Deep, dire « non » ?
Voilà, exactement.
La réaction médiatique a été immédiatement énorme. Es-tu étonné d’un tel écho, gêné, fier ?
Je suis en train de faire un tour des médias. Je n’aurais jamais pensé que cela ferait un tel bruit, parce qu’en réalité c’est un phénomène fréquent. Je ne sais pas ce que sont mes sentiments – aucune idée. Je trouvais important d’exprimer tout cela. Je n’ai pas lu tout ce que les gens ont en partie écrit dans la version en ligne du Spiegel. Je n’ai lu que quelques commentaires dans lesquels je suis accusé d’aller au bordel. Je trouve cela absurde. Peut-être que j’ai mal choisi mon pseudonyme. J’ai été assez peu créatif en le faisant produire par ce générateur automatique.
Nous vivons à l’époque du « web 2.0 » : de plus en plus de partis mènent désormais leurs activités en ligne, notamment les Pirates, qui ne font que peu de distinction entre la direction et la base, et puis avec internet se multiplient les outils de démocratie directe comme les pétitions européennes par exemple. Quel est ton avis ?
Je suis en faveur de la démocratie directe, mais toujours par des personnes que l’on peut identifier. C’est un grand problème sur internet que les gens puissent diffuser tout un tas de mensonges sur d’autres sans que personne ne sache exactement qui se cache derrière. Le magazine Der Spiegel publierait-il des lettres de lecteurs anonymement rédigées dans son édition papier ? Non. Mais sur internet, ils publient des courriers tout bonnement anonymes. C’est tout de même problématique si les gens ne sont pas capables de combattre à visage découvert. En fait, je suis pour que les gens combattent à visage découvert.
Crains-tu des conséquences judiciaires ?
Non, je n’ai aucune crainte. Que les gens viennent s’ils le souhaitent ! Pour certains, ce sont des gens qui eux-même falsifient les données personnelles de leurs adhérents, et le SPD fait exactement le même type de bêtise que moi maintenant.