Drapeaux des États membres de la CEDEAO. Crédit : ANiamey.com
Forte de plus de 300 millions d’habitants, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), créée en 1975, regroupe aujourd’hui 15 pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Sierra Leone et le Togo.
Bien qu’en filigrane de la création de la CEDEAO, le processus de création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest fut particulièrement lent et laborieux. En 2000, un nouvel élan fut donné à ce projet grâce à la Déclaration d’Accra, réaffirmant « la résolution collective de prendre toutes les mesures tant au niveau national que régional pour permettre la réussite d’une union économique et monétaire des pays d’Afrique de l’Ouest » et établissant, à ce titre, une feuille de route claire et précise pour parvenir à cet objectif.
L’ambition d’une monnaie unique
Alors que le projet de création d’une monnaie unique fut reporté en 2005, puis en 2015, la thématique de la création d’une monnaie unique pour la zone semble aujourd’hui plus que jamais au cœur du débat en Afrique de l’Ouest. Première concrétisation de ce projet, la CEDEAO a annoncé en 2015 une « décision historique » à savoir la création d’un Institut Monétaire de la CEDEAO en 2018.
Macky Sall, chef d’État du Sénégal et président en exercice de la CEDEAO © APR-news.fr
Comme le confirme le cas de l’Union européenne, ce projet nécessite l’existence en amont d’un socle économique commun et d’une véritable convergence économique dans la zone. À ce titre et afin de surveiller les avancées des divers pays en la matière, un Conseil de convergence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest fut créé, réunissant les ministres en charge des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays membres. La 8ème réunion ordinaire du Conseil s’est tenue en septembre dernier à Dakar.
Parmi les avantages de l’instauration d’une monnaie commune, figurent notamment le renforcement des flux d’échanges, la réduction des coûts des transactions dans les échanges internationaux et l’accroissement de l’intégration régionale dans la zone. Actuellement, huit monnaies sont en concurrence en Afrique de l’Ouest, ce qui représente un véritable handicap pour les performances économiques de la région.
Tout le défi aujourd’hui consiste à faire converger et unifier la zone « franc CFA » déjà existante et regroupant les 8 États que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo et les 7 autres États de la CEDEAO, possédant chacun leur propre monnaie.
Plusieurs indicateurs économiques confirment la faisabilité de ce projet, notamment le maintien de la croissance économique dans la CEDEAO aux alentours de 6 % ces dernières années, le Nigéria étant notamment la première économie africaine en 2015.
Une utopie ?
Les critères de convergence des économies et les bonnes performances nationales sont ainsi nécessaires pour permettre sur le long terme une monnaie unique « indépendante ». Les quatre critères primaires et indispensables sont un taux d'inflation inférieur à 5 %, un déficit budgétaire de l'État inférieur à 4 %, un financement du déficit budgétaire par la Banque centrale dans la limite de 10 % des recettes fiscales de l’année précédente et le maintien d’un niveau de réserves de change.
Concernant la convergence, les objectifs ne semblent à l’heure actuelle pas encore atteints notamment à cause des disparités économiques et des budgets inégaux au sein de la zone. Le rapport 2014 sur la convergence macroéconomique des pays de la CEDEAO indique que le Nigéria est pour l’instant le seul État membre à remplir les quatre critères de premier rang, suivi du Libéria et du Sierra Leone qui remplissent trois critères chacun, puis de la Gambie, du Ghana et de la Guinée qui satisfont pour leur part deux critères.
Le cas de l’Afrique de l’Ouest le confirme, la création d’une monnaie unique représente un chantier de longue haleine. Les difficultés que rencontre l’Union européenne avec la crise consolident et renforcent la volonté des États de la CEDEAO de ne pas précipiter le lancement de ce projet. La priorité porte, aujourd’hui, sur la convergence des économies, base indispensable pour assurer à long terme la pérennité d’une monnaie unique dans la région. Motivée par une réelle volonté politique et la création de l’Institut monétaire de la CEDEAO en 2018, il ne paraît néanmoins plus utopique de croire en la création de cette monnaie unique et en sa mise en circulation pour 2020.