Le 23 mai dernier, le Parlement européen donnait mandat à la Commission européenne pour négocier un accord de libre-échange entre l’Union Européenne (UE) et les États-Unis. Alors que l’attention est braquée sur la question de l’exception culturelle, d’autres professions, au premier rang desquelles les agriculteurs, s’inquiètent de leur avenir.
Cet accord est destiné à créer de nouvelles opportunités pour les entreprises européennes afin de stimuler la croissance et l’emploi. Selon le présupposé défendu au mois d’octobre dernier par Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères allemand, « le libre-échange est un moteur de croissance. »
L’accord se concentre sur les barrière dites non tarifaires, c’est à dire les normes et les règles sanitaires. Les députés européens ont demandé à ce que les différences de point de vue entre les États-Unis et l’UE ne menacent pas le principe de précaution, notamment sur la question des OGM, du clonage et de la santé des consommateurs. Mais sera-t-il encore possible de défendre cette position après avoir mis le doigt dans l’engrenage ? L’histoire récente du secteur agricole nous invite à répondre par la négative.
Cet accord est destiné à créer de nouvelles opportunités pour les entreprises européennes afin de stimuler la croissance et l’emploi. Selon le présupposé défendu au mois d’octobre dernier par Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères allemand, « le libre-échange est un moteur de croissance. »
L’accord se concentre sur les barrière dites non tarifaires, c’est à dire les normes et les règles sanitaires. Les députés européens ont demandé à ce que les différences de point de vue entre les États-Unis et l’UE ne menacent pas le principe de précaution, notamment sur la question des OGM, du clonage et de la santé des consommateurs. Mais sera-t-il encore possible de défendre cette position après avoir mis le doigt dans l’engrenage ? L’histoire récente du secteur agricole nous invite à répondre par la négative.
Grandir ou disparaître
Au début des années 1960, l’État français se lance dans une politique de modernisation de l’agriculture. Ces lois d’orientation agricole suivent de peu la mise en place du marché commun et coïncident avec la naissance de la politique agricole commune (PAC), qui assure aux agriculteurs des prix rémunérateurs et des débouchés européens. Le gouvernement de Michel Debré veut faire de la France une grande puissance agricole et somme les paysans de devenir compétitifs pour partir à l’assaut du marché mondial. C’est l’industrialisation à marche forcée de l’agriculture.
Dans un contexte de concurrence internationale exacerbée, la modernisation de l’agriculture débouche sur une dérive productiviste. Il convient en effet de produire toujours plus, aux coûts les plus faibles, pour dominer le marché (et rester vivant). Les paysans français sont face à une alternative : grandir ou disparaître. Les coûts sociaux et environnementaux sont rejetés sur la société.
Dans un contexte de concurrence internationale exacerbée, la modernisation de l’agriculture débouche sur une dérive productiviste. Il convient en effet de produire toujours plus, aux coûts les plus faibles, pour dominer le marché (et rester vivant). Les paysans français sont face à une alternative : grandir ou disparaître. Les coûts sociaux et environnementaux sont rejetés sur la société.
L’engrenage de l’endettement
L’endettement devient peu à peu un pilier du modèle productiviste. Pour être compétitif, les agriculteurs doivent en effet acquérir du matériel moderne et performant, mais coûteux. Ils n’ont pas les moyens financiers d’assumer ses investissements et ont donc recours au crédit.
Suivant ce mécanisme, l’endettement moyen des agriculteurs n’a eu de cesse d’augmenter. Il atteint aujourd’hui plus de 160 000 euros. Pour un chef d’exploitation de moins de 40 ans, l’endettement moyen peut aller jusqu’à 200 000 euros.
L’association Solidarité Paysans, qui vient en aide aux agriculteurs en difficulté, pointe du doigt le lien entre ce taux d’endettement et le modèle agricole. Assommés par le remboursement de leurs emprunts, les agriculteurs redoutent le moindre incident (climatique, sanitaire ou économique). Ils cherchent donc à se sécuriser, à sécuriser leur production et se tournent vers des techniques dites modernes comme les pesticides ou les OGM, au détriment d’une agriculture vivante.
Libéralisation, productivisme et financiarisation de l’agriculture sont donc intimement liés. Accepter l’accord de libre-échange UE / États-Unis revient à mettre une pression concurrentielle supplémentaire sur les agriculteurs. Ceux-ci devront poursuivre la fuite en avant de tout le secteur : grandir, se moderniser pour augmenter sa productivité. Fatalement, ils auront recours à l’endettement et agiront sous la dépendance des banques et de l’agro-industrie. La détérioration des conditions de travail et les dommages écologiques sont la conséquence logique d’un tel système.
Les députés européens ont beau jeu de défendre une agriculture sans OGM. Avec l’accord de libre-échange UE / États-Unis, ils contribuent à créer les conditions qui la rendront impossible en entravant l’autonomie technique et économique des paysans.
Suivant ce mécanisme, l’endettement moyen des agriculteurs n’a eu de cesse d’augmenter. Il atteint aujourd’hui plus de 160 000 euros. Pour un chef d’exploitation de moins de 40 ans, l’endettement moyen peut aller jusqu’à 200 000 euros.
L’association Solidarité Paysans, qui vient en aide aux agriculteurs en difficulté, pointe du doigt le lien entre ce taux d’endettement et le modèle agricole. Assommés par le remboursement de leurs emprunts, les agriculteurs redoutent le moindre incident (climatique, sanitaire ou économique). Ils cherchent donc à se sécuriser, à sécuriser leur production et se tournent vers des techniques dites modernes comme les pesticides ou les OGM, au détriment d’une agriculture vivante.
Libéralisation, productivisme et financiarisation de l’agriculture sont donc intimement liés. Accepter l’accord de libre-échange UE / États-Unis revient à mettre une pression concurrentielle supplémentaire sur les agriculteurs. Ceux-ci devront poursuivre la fuite en avant de tout le secteur : grandir, se moderniser pour augmenter sa productivité. Fatalement, ils auront recours à l’endettement et agiront sous la dépendance des banques et de l’agro-industrie. La détérioration des conditions de travail et les dommages écologiques sont la conséquence logique d’un tel système.
Les députés européens ont beau jeu de défendre une agriculture sans OGM. Avec l’accord de libre-échange UE / États-Unis, ils contribuent à créer les conditions qui la rendront impossible en entravant l’autonomie technique et économique des paysans.