Le réalisateur Richard Linklater avec l'Ours d'argent pour son film Boyhood | © Reuters
Chaque hiver la Berlinale présente une programmation cinématographique riche et très variée venue du monde entier. Cette année encore le festival s’est démarqué par la diversité de ses films.
Un festival en toute modestie, loin des paillettes et des flashs
Alors qu’en France, le festival de Cannes suscite chaque année un fourmillement médiatique intempestif faisant l’objet de reportages au JT pendant douze jours, la Berlinale se veut plus modeste. Bien que le festival soit un événement culturel important, on prend plaisir à redécouvrir un milieu cinématographique détendu et accessible où les films ont davantage d’importance que la beauté des robes foulant le tapis rouge. Cette atmosphère moins guindée s’explique en grande partie par la troisième place qu’obtient la Berlinale derrière le Festival de Cannes et la Mostra de Venise sur le podium des festivals cinématographiques. La concurrence est rude et Berlin peine à faire de sa compétition officielle un lieu de confrontation de grands films. Pourtant, si la Berlinale demeure toujours l’un des plus importants festivals cinématographiques du monde, cela s’explique notamment par la grande diversité des films présentés et par la volonté d’ouvrir le monde du cinéma au grand public en proposant de nombreuses places en vente libre.
Dans le Berlin divisé d’après-guerre, la guerre idéologique passait également par la survalorisation du rapport à l’image et à la culture. Aussi la création du Festival International du Film de Berlin en 1951, initiative des alliés occidentaux, devait également symboliser « la vitrine du monde libre » face à une zone soviétique rivale. Ce passif historique demeure et explique en partie le grand nombre de films et de productions américaines que la Berlinale accueille et présente chaque année. Elle a également su dépoussiérer son image en révélant les réalisateurs de la nouvelle vague du cinéma allemand tels que Fatih Akin et en présentant l’European Film Market, lieu de rencontre des producteurs indépendants venus du monde entier.
Dans le Berlin divisé d’après-guerre, la guerre idéologique passait également par la survalorisation du rapport à l’image et à la culture. Aussi la création du Festival International du Film de Berlin en 1951, initiative des alliés occidentaux, devait également symboliser « la vitrine du monde libre » face à une zone soviétique rivale. Ce passif historique demeure et explique en partie le grand nombre de films et de productions américaines que la Berlinale accueille et présente chaque année. Elle a également su dépoussiérer son image en révélant les réalisateurs de la nouvelle vague du cinéma allemand tels que Fatih Akin et en présentant l’European Film Market, lieu de rencontre des producteurs indépendants venus du monde entier.
Les films les plus attendus, parfois les plus décevants
Cette année, ce sont plus de 400 films qui ont été projeté dans les différentes salles de cinéma présentes autour du Sony Center et de la Potsdamer Platz. Le Jury, composé notamment de Christophe Waltz et de Michel Gondry se devait de remettre l’ours d’or, le 15 février, à l’un des vingt courts métrages en lice, auxquels s’ajoutaient trois films dans la catégorie Hors Compétition : Monuments Men de et avec George Clooney, La Belle et la Bête de Christophe Gans avec Léa Seydoux et Vincent Cassel, enfin la version très attendue et non censurée de Nymphomaniac – Volume 1 de Lars von Trier. Pourtant habitué aux réactions violentes lors de la projection de ses films, l’accueil de Nymphomaniac fut toutefois plutôt bon. Lars von Trier se défend de faire de la pornographie, sa critique visant à démontrer en quoi le sexe est apparenté à quelque chose de tabou et dissimulé de façon hypocrite sous le prétexte de l’amour. Subtil, drôle, bien construit, Lars von Trier présente un film de qualité mis en valeur par un jeu d’acteur brillant.
De son côté, le film Monuments Men de George Clooney dont la jolie brochette d’acteurs parmi lesquels Matt Damon, Cate Blanchett, Bill Murray et Jean Dujardin laissait espérer un certain succès n’a pourtant pas convaincu la critique berlinoise. Georges Clooney avait déjà essuyé plusieurs critiques outre-atlantique et s’attendait à de meilleurs retours pour la première projection européenne. Monuments Men basé sur le livre éponyme de Robert M. Edsel et Bret Witter s’attaque à un sujet difficile et souvent oublié, celui du vol d’œuvres par les nazis, mais le trop plein de bon patriotisme et le manque d’unité du film n’ont pas déclenché les passions. Enfin la réadaptation du conte La Belle et la Bête de Christophe Gans, réalisateur français, fut l’objet d’une série de critiques toutes plus acerbes les unes que les autres. Du « nanar » au « naufrage artistique », les qualificatifs ont été bien sévères pour cette grosse production qui s’avère finalement être coûteuse mais jolie, les décors en studio sont travaillés et les robes de Léa Seydoux mettent parfaitement en valeur son décolleté. C’est donc un film à gros budget qui fit la clôture du Festival de la Berlinale, face à un public plutôt tiède et des critiques tranchantes, l’adaptation de Christophe Gans aurait sans doute reçu meilleur accueil au moment des fêtes de Noël.
De son côté, le film Monuments Men de George Clooney dont la jolie brochette d’acteurs parmi lesquels Matt Damon, Cate Blanchett, Bill Murray et Jean Dujardin laissait espérer un certain succès n’a pourtant pas convaincu la critique berlinoise. Georges Clooney avait déjà essuyé plusieurs critiques outre-atlantique et s’attendait à de meilleurs retours pour la première projection européenne. Monuments Men basé sur le livre éponyme de Robert M. Edsel et Bret Witter s’attaque à un sujet difficile et souvent oublié, celui du vol d’œuvres par les nazis, mais le trop plein de bon patriotisme et le manque d’unité du film n’ont pas déclenché les passions. Enfin la réadaptation du conte La Belle et la Bête de Christophe Gans, réalisateur français, fut l’objet d’une série de critiques toutes plus acerbes les unes que les autres. Du « nanar » au « naufrage artistique », les qualificatifs ont été bien sévères pour cette grosse production qui s’avère finalement être coûteuse mais jolie, les décors en studio sont travaillés et les robes de Léa Seydoux mettent parfaitement en valeur son décolleté. C’est donc un film à gros budget qui fit la clôture du Festival de la Berlinale, face à un public plutôt tiède et des critiques tranchantes, l’adaptation de Christophe Gans aurait sans doute reçu meilleur accueil au moment des fêtes de Noël.
Le cinéma asiatique à l’honneur
© SIPA
Le film de Wes Anderson The Grand Budapest présent en compétition officielle et qui avait ouvert le festival de la 64e Berlinale a reçu le Grand Prix du Jury, un film qui a séduit par son aspect enfantin et son travail précis sur chaque plan de film. De son côté le réalisateur américain Richard Linklater reçoit l’Ours d’argent honorifique pour son film Boyhood, dressant le portrait d’une famille américaine à travers les yeux du jeune fils. Ces deux films américains primés sont des productions indépendantes qui ont révélé l’attrait du Jury pour un cinéma sortant des sentiers battus. Cette année, c’est également le cinéma asiatique qui est à l’honneur et rafle plusieurs nobles récompenses. Ainsi le réalisateur chinois Diao Yi’nan remporte l’Ours d’or pour son thriller noir Black Coal, Thin Ice, qui retrace l’histoire d’un policier à la dérive se rapprochant dangereusement de la suspecte n°1 d’une série de meurtres. L’ours d’argent du meilleur acteur revient au chinois Lia Fan pour son rôle dans Black Coal, Thin Ice, et celui de la meilleure actrice pour la japonaise Haru Kuroki dans The Little House. Le cinéma chinois s’illustre par une nouvelle dynamique et parvient à s’imposer parmi les grandes compétitions cinématographiques internationales.
La réussite est toutefois modérée pour le cinéma allemand et français. Le film Kreuzweg illustrant le milieu des catholiques intégristes allemands avait été accueilli de façon positive mais les deux autres longs-métrages Die Geliebten Schwestern de Dominik Graf retraçant le triangle amoureux formé par le poète Schiller et deux sœurs issues de la petite noblesse allemande, et Zwischen Welten de Feo Adalag n’ont pas réussi à convaincre les critiques exigeantes. De côté du cinéma français, deux court-métrages ont été récompensés : Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Caroline Poggi et Jonathan Vinel et Laborat de Guillaume Cailleau. Enfin le grand réalisateur Alain Resnais reçoit le Prix Alfred Bauer récompensant les films ouvrant de nouvelles perspectives dans l’art cinématographique pour son film Aimer, boire et chanter.
Les organisateurs de 64e Berlinale ont encore cette année démontré leur volonté de diversifier les films présentés au festival et de toucher des publics divers, afin de rappeler que le cinéma n’est pas nécessairement synonyme d’élitisme mais surtout de plaisir.
La réussite est toutefois modérée pour le cinéma allemand et français. Le film Kreuzweg illustrant le milieu des catholiques intégristes allemands avait été accueilli de façon positive mais les deux autres longs-métrages Die Geliebten Schwestern de Dominik Graf retraçant le triangle amoureux formé par le poète Schiller et deux sœurs issues de la petite noblesse allemande, et Zwischen Welten de Feo Adalag n’ont pas réussi à convaincre les critiques exigeantes. De côté du cinéma français, deux court-métrages ont été récompensés : Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Caroline Poggi et Jonathan Vinel et Laborat de Guillaume Cailleau. Enfin le grand réalisateur Alain Resnais reçoit le Prix Alfred Bauer récompensant les films ouvrant de nouvelles perspectives dans l’art cinématographique pour son film Aimer, boire et chanter.
Les organisateurs de 64e Berlinale ont encore cette année démontré leur volonté de diversifier les films présentés au festival et de toucher des publics divers, afin de rappeler que le cinéma n’est pas nécessairement synonyme d’élitisme mais surtout de plaisir.