Aux yeux des étrangers, la Pennsylvanie n’a pas le même attrait que New York ou la Californie. Elle n’en reste pas moins un État important. Comparée aux États européens, la Pennsylvanie se situerait démographiquement entre la Grèce et les Pays-Bas avec 12,7 millions d’habitants. Avec un Produit Intérieur Brut (PIB) de près de 600 milliards, l’État se classerait entre la Suède et la Suisse. Et pourtant les récents propos du gouverneur de Pennsylvanie, Tom Corbett, sur les homosexuels et le mariage gay provoqueraient un tollé international s’ils sortaient de la bouche d’un Président ou d’un Premier ministre.
Dérapage incontrolé
Le 4 Octobre, Tom Corbett était invité à la télévision pour s’exprimer sur les récents propos de son cabinet juridique qui comparaient le mariage gay à un acte sexuel entre deux enfants. En un vain effort, il s’est empressé de sauver son équipe du désastre en déclarant que le mariage gay n’était en rien comparable à l’acte sexuel entre deux mineurs, sinon au même acte entre frères et sœurs.
Cet épisode n’est que le dernier d’une longue liste de disputes politico-juridiques qui se déroule en ce moment même dans un État historiquement respectable que l’on se plaît le plus souvent à oublier. Le drame a commencé le 7 Juillet dernier lorsque l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU – American Civil Society Union) a poursuivit l’État de Pennsylvanie en justice au nom de 23 plaignants gays et lesbiens qui se sont vus refuser le droit de se marier selon le droit en vigueur dans l’État.
Le 9 juillet, le procureur général de Pennsylvanie, Kathleen Kane, élue après une vigoureuse campagne menée contre cette interdiction de mariage et supposée défendre l’État devant la justice, déclarait que l’interdiction imposée par la Pennsylvanie était inconstitutionnelle et qu’elle ne défendrait donc pas l’État devant le tribunal.
Le conflit a redoublé de vigueur quelques semaines plus tard lorsqu’un agent administratif du comté de Montgomery a émis des attestations de mariage pour des couples homosexuels vivant au-delà des limites urbaines de Philadelphie. 174 couples ont ainsi reçu des attestations de mariage avant que la Haute Cour ne lui ordonne de s’arrêter. Leur statut légal est actuellement en débat.
C’est l’équipe juridique du gouverneur Tom Corbett, à présent en charge de la défense de l’État contre l’Union Américaine des libertés civiles, qui porte la responsabilité de tels commentaires et du scandale public qui les a suivi. Bien qu’éloignés de l’opinion de Corbett et de ses alliés républicains modérés, ces propos soulignent le déclin actuel du gouverneur dans les sondages et le difficile combat qui l’attend en 2014 pour sa réélection. Ils illustrent enfin le combat pour la modernisation des administrations fédérales, parfois remporté mais souvent laborieux.
Cet épisode n’est que le dernier d’une longue liste de disputes politico-juridiques qui se déroule en ce moment même dans un État historiquement respectable que l’on se plaît le plus souvent à oublier. Le drame a commencé le 7 Juillet dernier lorsque l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU – American Civil Society Union) a poursuivit l’État de Pennsylvanie en justice au nom de 23 plaignants gays et lesbiens qui se sont vus refuser le droit de se marier selon le droit en vigueur dans l’État.
Le 9 juillet, le procureur général de Pennsylvanie, Kathleen Kane, élue après une vigoureuse campagne menée contre cette interdiction de mariage et supposée défendre l’État devant la justice, déclarait que l’interdiction imposée par la Pennsylvanie était inconstitutionnelle et qu’elle ne défendrait donc pas l’État devant le tribunal.
Le conflit a redoublé de vigueur quelques semaines plus tard lorsqu’un agent administratif du comté de Montgomery a émis des attestations de mariage pour des couples homosexuels vivant au-delà des limites urbaines de Philadelphie. 174 couples ont ainsi reçu des attestations de mariage avant que la Haute Cour ne lui ordonne de s’arrêter. Leur statut légal est actuellement en débat.
C’est l’équipe juridique du gouverneur Tom Corbett, à présent en charge de la défense de l’État contre l’Union Américaine des libertés civiles, qui porte la responsabilité de tels commentaires et du scandale public qui les a suivi. Bien qu’éloignés de l’opinion de Corbett et de ses alliés républicains modérés, ces propos soulignent le déclin actuel du gouverneur dans les sondages et le difficile combat qui l’attend en 2014 pour sa réélection. Ils illustrent enfin le combat pour la modernisation des administrations fédérales, parfois remporté mais souvent laborieux.
La Pennsylvanie à la traîne
La Pennsylvanie est, après le paradis pour retraités qu’est la Floride, le deuxième État américain à accueillir une majorité de seniors. L’État est inconfortablement situé entre quatre régions très différentes : le Nord-Est libéral et les régions plus conservatrices du Mid-West, du Sud et des Appalaches. James Carville, ancien stratège politique de Bill Clinton déclarait lors de la campagne présidentielle que si « Philadelphie était dans l’Est, Pittsburgh était à l’Ouest et l’Alabama se trouve au centre ». Alors que Barack Obama a largement remporté l’État en 2008 et 2012, Hillary Clinton lui a raflé plus de 20 points lors de la primaire démocrate en 2008 en attirant vers elle les ouvriers qui forment la majorité du parti démocrate de Pennsylvanie.
Alors que les États voisins de New York, du Maryland et du New Jersey ont d’ores et déjà légalisé le mariage gay, les premiers candidats gays n’ont été élus qu’en novembre 2012 lorsque le républicain Mike Fleck a raflé au démocrate Brian Sims le titre de premier représentant gay à l’assemblée fédérale de Pennsylvanie.
Dans un État culturellement conservateur où les enfants ont autant de chance de révéler leurs orientations sexuelles à leurs parents (l’inverse étant également vrai), cette nouvelle n’est pourtant pas exceptionnelle.
Toutefois, malgré la présence de Stephen Reed, maire ouvertement assumé gay, qui a été à la mairie de Harrisburg (capitale de l’État) pendant plus de 30 ans, la Pennsylvanie est à la traîne quant au soutien apporté au mariage gay. La présence d’un club gay, le Stallions, situé non loin de la magnifique Chambre des Représentants de Pennsylvanie, en amènera plus d’un à douter que Brian Sims et Mike Fleck soient les premiers membres gays de la Chambre des Représentants et du Sénat de Pennsylvanie.
Alors que les États voisins de New York, du Maryland et du New Jersey ont d’ores et déjà légalisé le mariage gay, les premiers candidats gays n’ont été élus qu’en novembre 2012 lorsque le républicain Mike Fleck a raflé au démocrate Brian Sims le titre de premier représentant gay à l’assemblée fédérale de Pennsylvanie.
Dans un État culturellement conservateur où les enfants ont autant de chance de révéler leurs orientations sexuelles à leurs parents (l’inverse étant également vrai), cette nouvelle n’est pourtant pas exceptionnelle.
Toutefois, malgré la présence de Stephen Reed, maire ouvertement assumé gay, qui a été à la mairie de Harrisburg (capitale de l’État) pendant plus de 30 ans, la Pennsylvanie est à la traîne quant au soutien apporté au mariage gay. La présence d’un club gay, le Stallions, situé non loin de la magnifique Chambre des Représentants de Pennsylvanie, en amènera plus d’un à douter que Brian Sims et Mike Fleck soient les premiers membres gays de la Chambre des Représentants et du Sénat de Pennsylvanie.
Une Pennsylvanie indécise
La Pennsylvanie s’est toutefois distanciée de ses voisins du Midwest et du Sud qui ont décidé d’interdire le mariage gay dans la constitution de l’État. La loi de Pennsylvanie, dont le seuil requis pour un changement de statut est beaucoup plus bas que les autres États, est le seul obstacle qui se dresse devant l’adoption de cette réforme du mariage. On retrouve la même situation en Virginie occidentale. Dans le débat national sur l’égalité devant l’accès au mariage, la Pennsylvanie se retrouve donc dans une position bancale, coincée entre son refus d’interdire le mariage gay dans la Constitution, mais réticente à autoriser le mariage homosexuel.
En tant qu’État clef, à cheval entre deux problèmes, la Pennsylvanie fait l’objet d’attentions particulières de la part de groupes de pression qui souhaitent attirer l’attention sur le débat autour du mariage homosexuel.
Mais la Pennsylvanie évolue, malgré l’obstination de son gouverneur à ne pas le reconnaître. Pour la première fois en plusieurs années, une majorité de l’élite universitaire s’installe dans l’État. Une situation que l’on pourrait cependant attribuer à l’absence d’opportunités dans le reste du pays plutôt qu’à une résurgence de la gloire passée de la Pennsylvanie. Bien que ces jeunes, vivant la plupart du temps en ville, soient accueillants et tolérants envers la population LGBT, le soutien envers le mariage gay ne dépasse toutefois pas les 50 % dans la plupart des sondages menés dans l’État.
Les commentaires du gouverneur n’aideront certainement pas à sa réélection. Les coupes budgétaires qu’il a imposées aux universités et son échec dans la gestion du scandale Sandusky [l’assistant du coach sportif de l’équipe de football américain de l’Université d’État de Pennsylvanie a été accusé d’abus sexuel et a été couvert par l’Université, NdlR[ à l’Université d’état de Pennsylvanie en 2011 l’ont déjà fragilisé au niveau national. Pas sûr que sa récente déclaration sur le mariage gay ne l’aide à sécuriser des votes et il y a fort à parier que ses propos vont l’embarrasser et dégrader l’image de l’état au niveau national. Sur le long terme, l’État va continuer de cheminer cahin-caha jusqu’à ce qu’il soit capable de se moderniser.
En tant qu’État clef, à cheval entre deux problèmes, la Pennsylvanie fait l’objet d’attentions particulières de la part de groupes de pression qui souhaitent attirer l’attention sur le débat autour du mariage homosexuel.
Mais la Pennsylvanie évolue, malgré l’obstination de son gouverneur à ne pas le reconnaître. Pour la première fois en plusieurs années, une majorité de l’élite universitaire s’installe dans l’État. Une situation que l’on pourrait cependant attribuer à l’absence d’opportunités dans le reste du pays plutôt qu’à une résurgence de la gloire passée de la Pennsylvanie. Bien que ces jeunes, vivant la plupart du temps en ville, soient accueillants et tolérants envers la population LGBT, le soutien envers le mariage gay ne dépasse toutefois pas les 50 % dans la plupart des sondages menés dans l’État.
Les commentaires du gouverneur n’aideront certainement pas à sa réélection. Les coupes budgétaires qu’il a imposées aux universités et son échec dans la gestion du scandale Sandusky [l’assistant du coach sportif de l’équipe de football américain de l’Université d’État de Pennsylvanie a été accusé d’abus sexuel et a été couvert par l’Université, NdlR[ à l’Université d’état de Pennsylvanie en 2011 l’ont déjà fragilisé au niveau national. Pas sûr que sa récente déclaration sur le mariage gay ne l’aide à sécuriser des votes et il y a fort à parier que ses propos vont l’embarrasser et dégrader l’image de l’état au niveau national. Sur le long terme, l’État va continuer de cheminer cahin-caha jusqu’à ce qu’il soit capable de se moderniser.