L'immunité parlementaire de ce dernier empêche jusqu'ici la simple ouverture du débat. Mais face aux pressions exercées par l'opposition, et notamment Cepeda, s'appuyant sur des preuves de plus en plus concrètes, la censure a été levée et le débat a finalement été ouvert.
Face aux photographies et vidéos le montrant en contact avec différentes personnalités connues comme faisant partie des paramilitaires ou encore aux témoignages, Uribe ne s'est pas prononcé. Absent à plusieurs reprises des séances parlementaires, il a fini par répondre officiellement avec un discours dans lequel il accuse Cepeda de diffamation. Il n'aborde en revanche que peu les faits qui lui sont reprochés et contourne les inquisitions.
Les réseaux sociaux s'enflamment
Nous voilà maintenant plus d'un mois après le déclenchement de cette affaire, qui semble loin de se terminer. En effet, suite aux séances parlementaires dans lesquels les deux politiques s'accusaient mutuellement, ils ont tenté de faire basculer l'opinion publique en leur faveur via les réseaux sociaux. Ils ont alors commencé à se livrer une bataille sans merci sur Twitter. Si le sujet a attiré l'attention de la population colombienne, fréquemment victime des agissements des paramilitaires, les avis sont loin de faire l'unanimité en son sein.
En consultant le hashtag « #debateparamilitarismo » sur Twitter, on peut constater que la plupart des Colombiens ont un avis bien clair sur la question. Le peuple est divisé entre « pro-Cepeda » et « pro-Uribe ». Si Cepeda peine à séduire l'opinion, c'est en grande partie à cause de son orientation politique. En effet, la majorité des Colombiens sont traditionnellement de droite et ont tendance à associer le Parti de Gauche au communisme, et en particulier aux guérillas d'influence marxistes, à l'origine de conflits armés qui frappent régulièrement le pays.
Toutefois, le peuple colombien commence à développer un jugement plus critique à l'égard de son ex-président, qui était au sommet des sondages pendant une grande partie de son mandat, et ce malgré les lourds soupçons qui pesaient déjà sur lui.
Cette affaire réveille le scandale des "faux positifs"
Il faut néanmoins rappeler que cette opposition dépasse le simple clivage gauche-droite. Les paramilitaires sont responsables de nombreux affrontements et trafics qui détruisent la Colombie. Depuis longtemps le gouvernement ferme les yeux sur les affaires de drogues, voire pire, d'assassinats.
Par ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'Álvaro Uribe se retrouve impliqué dans ce genre d'affaire. Son gouvernement avait été directement mis en cause en 2008, alors qu'il était à la présidence lorsque avait éclaté le scandale des « faux positifs ». À l'époque, l'État versait des primes aux militaires qui prouvaient qu'ils avaient tué des guérilleros au combat. Des cas de meurtres de civils avaient été révélés, notamment lors du malheureusement célèbre massacre de Soacha.
À plusieurs reprises, des civils ont été assassinés puis habillés en guérilleros par des militaires, qui cherchaient à toucher des récompenses plus élevées. Uribe avait évité l'affaire en qualifiant ces affaires de « cas isolés », bien qu'il y ait eu un nombre de témoins assez important pour prouver que cette pratique se généralisait.